L’éloge de la productivité

Avez-vous remarqué comme il est si difficile de s’accorder des pauses, des temps de répit, des moments où l’on ne fait rien sans culpabiliser et s’en vouloir à soi même de perdre du temps au lieu de faire quelques choses de ces minutes qui passent ?

Je culpabilise souvent lorsque je ne fais rien. Lorsque je vois ces minutes s’égrener à une vitesse folle sans m’en emparer pour en faire de belles minutes. Des minutes où j’aurais créé quelque chose, où j’aurais fait baisser ma liste de choses à faire ou bien que j’aurais rattrapé mon retard sur d’autres tâches. On nous parle sans cesse de productivité, de comment utiliser au mieux nos journées, on lit des dizaines et des dizaines d’articles (et j’en écris moi aussi) sur comment faire de nos journées des journées complètes, de comment les remplir et moi-même je passe mon temps à faire mille et une choses à la fois alors même que je sais bien que mes épaules sont trop petites pour réussir à tout supporter. C’est comme si vous souhaitiez faire entrer deux paquets de farine dans un bocal qui ne peut en contenir qu’un, vous essayez tout de même mais vous finissez bien par vous rendre compte et admettre que le second ne rentre pas. Pourtant vous continuez d’essayer, au cas où par le plus grand des miracles, un peu de place se créerait comme par magie.

On nous propose même de nous lever plus tôt, à 5h30 il paraît, une heure où habituellement, si nos horaires de travail sont plutôt classique, notre cerveau tourne au ralenti car encore enveloppé par le sommeil et par notre lourde couette confortable. On nous propose tout un tas d’astuce pour utiliser au mieux chacune des minutes de notre journée, suggérant parfois qu’en perdre une ferait de nous des feignants, voire même des losers ? Combien de fois ai-je lu que ne rien faire c’était ne pas vouloir réussir ou tout du moins ne pas être assez motivé ? Car il est question de ça aussi, d’être motivé, tout le temps, partout, pour tout, chaque jour et à chaque instant. Qu’il faut suivre des méthodes, des programmes, des guides pour être au top à chaque instant.

Mais au fond, dans toutes ces méthodes, je n’ai jamais l’impression que l’on nous dise que l’essentiel est d’être bienveillant avec soi-même, que l’on a le droit de ne rien faire pendant une journée entière et que paresser un peu ne vas pas faire de nous un raté. Car au fond, paresser n’est-il pas un moyen de laisser aller ses pensées et alimenter son imagination ? Que ne rien faire, ce n’est pas aussi grave que ce que l’on peut se faire croire.

Aujourd’hui pourtant, on est lundi, ma semaine de vacances s’est terminée il y a une semaine déjà et je ressens de nouveau cette pression invisible qui me souffle à l’oreille d’utiliser ma journée à bon escient et que ma to-do list devra absolument être complétée ce soir. Tout ça est un peu bête au fond, je n’ai personne derrière moi, pas de patron qui puisse me dire que je dois me presser, seule la contrainte de gagner ma vie — grosse contrainte c’est vrai, mais tout de même — et celle également de terminer d’écrire mon mémoire à temps. Rien de bien grave au final, et pourtant.

Il y a quelques semaines encore, après une semaine de repos forcé prescrite par mon médecin, pour la première fois depuis des mois, je n’ai pas culpabilisé en ne faisant rien une journée entière. Car j’avais l’impression d’avoir le droit, que l’on m’avait dit que là, il fallait que j’arrête. Que c’était noté sur un bout de papier qui avait été institutionnalisé et certifié par quelqu’un qui avait les compétences de me dire stop et que pour une fois, je n’avais pas le choix. Alors durant ces quelques jours là, j’ai paressé après m’être levée, encore plus que lors de mes week-ends, pris mon petit déjeuner confortablement installée dans le canapé, sans me presser ni me dire qu’il fallait que je fasse quelque chose de ma journée. Je n’ai pas fait les choses à la va-vite, pressée par une force invisible que je m’imposais à moi-même et qui me disait de faire plus de choses, d’être active et productive. J’ai lu, joué avec les chats, regardé par la fenêtre… Je ne sais pas bien encore pourquoi ce jour précisément je n’ai ressenti aucune culpabilité,  peut-être une partie de mon stress qui s’était envolé pour quelques instants ? Je ne sais pas bien, mais ce que je sais c’est que parfois, ne rien faire fait un bien fou et est bien plus agréable que de cocher plein de cases sur sa to-do list. Ce sont des instants que l’on doit s’accorder pour revenir un peu plus en forme à nos activités et à nos dizaines de to-do lists.

Prendre le temps de ne rien faire, c’est bien là ce que l’on devrait tous faire parfois, non ?

15 commentaires sur “L’éloge de la productivité

  • Repondre Camille

    Ton article me fait beaucoup de bien en ce lundi matin !
    Ma boîte mail au bureau me fait moins peur et la semaine s’annonce mieux… Je pense qu’il faut trouver un juste milieu, être capable de remplir sa journée de manière efficace sans vouloir en faire trop. Prendre le temps de faire les choses bien, ça fait du bien et c’est aussi une source de motivation et de sérénité pour la suite. Bonne semaine à toi, bises :)

  • Repondre Aline - Inspiré & Créé

    Parfois ne rien faire est la meilleure action que l’on puisse faire de la journée!

  • Repondre Cocon de Douceur

    Oh, comme tes mots en moi font écho!
    Des journées où il nous faudrait 35 à 48h pour pouvoir faire tout ce que nous nous sommes imposer.
    Ces journées, voir, les semaines et même les mois, qui filent, presque aussi vite que notre énergie.
    S’accorder des pauses, des jours sans rien, c’est très difficile. Car, cela nous fait culpabiliser.
    Et cela est pourtant nécessaire, pour récupérer. Car, si nous sommes usé(e)s, épuisé(e)s, pouvons nous travailler
    correctement, et être aussi productif que nous le voulons?
    La bienveillance est bien le maître mot. :)

    Douce journée Florence, prend soin de toi!
    Bises,
    Valentine

  • Repondre Alixe ~ A dreamy bird

    Ne rien faire, lasser libre cours à son imagination et se ressourcer, rien de mieux pour pouvoir réussir à cocher toutes ces petites cases sur nos to-do lists tout en restant sereine et en pleine forme.
    Merci beaucoup Florence pour cet article déculpabilisant et sage.

    Belle journée à toi !

    Alixe ~ A dreamy bird

  • Repondre Julia (Les Cookines)

    Absolument d’accord ! Tout est dit ! Merci pour ce post. C’est important de s’accorder des pauses, c’est même vital. Et il n’y a rien de tel pour relancer la machine. Merci. :)

  • Repondre Julie

    Hier j’étais posée dans la riviere sur un rocher, apres la promenade du chien. J’ai passé quelques minutes à laisser aller mes jambes Dans l’eau tout simplement … Et je me suis dit mais en fait c’est ca la vie ! <3

  • Repondre Djahann

    Je suis tout à fait d’accord avec ça, et je n’ai plus aucune difficulté à ne rien faire ! Parce que c’est aussi productif (quand je ne fais rien, mon cerveau travaille davantage et j’ai plein d’idées qui me viennent !). Mais c’est vrai que les gens ont besoin de toujours remplir la moindre minute libre et me disent parfois « ah mais t’as rien fait de spécial ce week end ? » Beh non ! Et je m’en porte très bien !
    Et comme ça, j’ai plaisir ensuite à faire plein de choses. C’est un équilibre qui me convient parfaitement (et je m’en fiche si certains ont l’impression que je ne fais rien d’intéressant !)

    • Repondre La Mouette

      L’essentiel est de s’écouter après tout, on est bien chacun la meilleure personne qui sache à peu près ce qui est vraiment bon pour nous :)

  • Repondre Tinhy

    Je suis contente de lire que tu as réussi à prendre un peu de temps pour toi, tu le méritais bien ! Je ressentais beaucoup cette culpabilité lorsque j’allais en cours et que j’avais toujours un million de choses à faire. J’ai d’ailleurs acheté le livre Miracle Morning… (aussitôt lu, aussitôt vendu : je n’ai pas été convaincue du tout !). Après tout oui, tu as bien raison, prendre le temps de rien faire permet de faire le vide et je suis certaine que c’est très bénéfique !

    Ce qui compte c’est de savoir écouter sa tête et son corps et de prendre soin de soi : alors prends soin de toi ma belle !! <3

    Bisous xx

    • Repondre La Mouette

      Ah justement je me demandais si il y avait des personnes qui n’avaient pas du tout été convaincue par le Miracle Morning ! Je le lirais bien juste pour voir ce que ça donne, ou au moins un extrait. C’est sûrement chouette de se lever un peu plus tôt au moins pour être calme mais si tôt…

  • Repondre Barbatrucs

    Je pense que prendre du temps pour soi permet souvent d être plus productif par la suite justement c est pour çà que c est si important. Si on ne fait pas de vraie pause on finit par s épuiser à la tâche.

  • Repondre En liens cette semaine #17 – L'océan de la vie

    […] Florence pense à toutes ces techniques d’organisation, de mieux-être, de travail, d’être multi-tâches et la pression que l’on se met soi-même : le bénéfice de la productivité amène-t-il la culpabilité de la détente ? […]

  • Repondre Un invincible été » Ailleurs sur le web / Summer edition

    […] le blog de Florence, une ode à la paresse, à prendre du temps pour soi et ne rien faire, un réquisitoire contre cette …à ne faire que pour être productif·ve, que pour être rentable. Il est important […]

  • Repondre Jessica

    Bonjour !
    Je découvre ton blog grâce à Pauline d’Un Invincible été et il a l’air d’être très chouette ! J’ai déjà vu des articles qui me font de l’œil.

    En ce moment, je pense beaucoup à cela, à la productivité, au fait de ne rien faire. Je ne suis pas du tout une personne productive. Il est vrai que j’aimerais l’être parce que toutes ces personnes qui font plein de choses ont l’air d’avoir une vie agréable. Mais je sais que c’est dans ma tête.
    Il est vrai, cependant que lorsque je fais des choses, je me sens mieux. Pour autant, quand j’ai trop à faire, ça me donne l’impression d’être ultra active mais ça me gonfle aussi; je n’ai généralement qu’une envie : finir pour être tranquille.

    J’essaye d’apprendre à accepter le fait que oui, je suis casanière, j’aime faire des tâches répétitives et pas forcément super productives (ou alors regarder des séries, c’est productif mais on ne m’a rien dit :) ). Je n’ai pas envie d’avoir dix mille activités et de sortir. Finalement, les seuls moments où je culpabilise vraiment, c’est quand j’aurais pu faire deux ou trois choses pour améliorer ma vie mais que j’ai préféré ne rien faire et que ce rien n’était pas intéressant.
    Il faut juste, je pense, que chacun trouve son équilibre.

    J’ai lu Miracle Morning il y a quelques mois et si ça reste intéressant s’il est adapté à chaque personne, ça reste néanmoins un modèle de surproductivité à l’américaine qui me gêne.

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