Est-ce que ça ne serait pas une bonne idée de se juger avec un peu moins de sévérité ?
Hello !
Pardonnez-moi pour le retard (et pour le doublon si vous avez déjà reçu cette newsletter, un bug s’était invité et avait empêché l’envoi à toutes les personnes abonnées à cette version payante, j’espère que tout fonctionne à présent !), je comptais vous envoyer ce nouvel épisode bien plus tôt dans la semaine et puis une sinusite s’est invitée à la fête (quelle fête ?) et m’a dit : hehe NON, tu vas passer ta reprise du travail clouée au lit. Bref, j’espère que vous vous allez bien, de mon côté je commence à aller mieux alors allons-y pour le sujet du jour !

Si il y a bien un sujet qui touche tout le monde, que vous exerciez un métier dans un champ artistique ou non, c’est cette petite voix qui nous souffle parfois à l’oreille que l’on n’est pas assez bien… alors que c’est quoi, “être assez bien” au juste ?
Lorsque l’on ne vit pas dans la tête de quelqu’un, c’est-à-dire tout le monde (à moins d’avoir à la fois le don d’ubiquité ET d’être omniscient), on s’imagine souvent que les gens savent complètement ce qu’ils font, que leur vie est complètement maîtrisée et qu’en tant qu’artistes (puisque c’est tout de même la base de thématique de cette newsletter) leurs choix sont réfléchis et leurs productions toujours à la hauteur de ce qu’iels avaient en tête. En vrai, tout ça ça n’arrive pas vraiment dans la réalité.
The content below was originally paywalled.
J’ai l’impression de manière générale, corrigez-moi si je me trompe, que lorsque l’on est enfant on a l’impression que tous les adultes savent complètement ce qu’ils font et de quoi ils parlent et qu’une fois adultes nous-mêmes, on se rend compte qu’à peu près tout le monde patauge, essaye et se loupe et que finalement, c’est ça la vraie vie d’adulte. Qu’en réalité on est juste une bande de gens qui tâtonnent, que l’on fait mine d’être à 100% en confiance de ce que l’on fait (ok parfois, c’est le cas) alors qu’à certains moments on rame dans une grande mer de nuage en croisant fort les doigts pour ne pas tomber sur un rocher ou pire, un iceberg (espérons que si ça arrive, la planche soit suffisamment grande cette fois).
Je vous parle de tout ça en préambule parce que j’ai un sujet en tête que je trouve important à aborder, l’idée de ne pas être “assez bien”, ce fameux “not good enough” que l’on s’auto-martèle lorsque l’on se juge un peu trop fort, un peu trop fréquemment et ce encore plus dans des métiers créatifs qui ont pour principale problématique de nous faire nous comparer visuellement à d’autres personnes.
En écrivant cette newsletter j’ai écouté…
Tout le monde débute à un moment
Attendez, quoi ? On ne nait pas en sachant parfaitement jouer de la harpe, en écrivant un best-seller de bout en bout sans aucune corrections ou bien en peignant le plafond de la chapelle Sixtine ? Je crois que cette idée de talent est vraiment à bousculer car dans les faits, le talent je n’y crois pas vraiment et à mon sens, il n’existe pas non plus vraiment.
D’abord c’est quoi ne pas être assez bon·ne ? Tout le monde commence une nouvelle activité en débutant complètement, vous avez l’envie de bien faire, vous avez votre vision mais le résultat n’est parfois pas immédiatement à la hauteur de ce que vous espérez. Je sais à quel point c’est frustrant et surtout, ça varie complètement au fil de l’année ! Et vous savez quoi ? C’est normal et cette normalité doit être rassurante. Le talent et l’expertise ne sont pas innés, tout ça se travaille et je sais que parfois on aimerait “avoir ça dans le sang”, mais les dessins que je faisais lorsque j’étais petite (et même en étant illustratrice aujourd’hui je me dis quand même à peu près 3 jours sur 7 que ce que je fais est “vraiment pas ouf”) étaient les mêmes que tous les enfants : c’était des bandes de ciel bleu en haut de la feuille, un soleil dans un coin, une bande d’herbe en bas et des petites maisons carrées avec un toit en triangle. Parfois, on se rend compte que nos maisons dessinées sont un peu plus chouettes que celles de nos camarades et on se met à en faire plus et à pousser nos compétences en dessin mais dans l’ensemble on est relativement au même point. Et surtout, notre regard évolue au fil du temps.
Et justement, cette absence de don inné est une bonne chose : ça ne veut pas dire que tout le monde réussira à apprendre une nouvelle compétence puisque pour que cela fonctionne il faut réussir à y mêler un autre élément très important appelé “la passion” qui nous permettra de réussir à pratiquer sans se lasser, mais cela veut dire que puisque tout le monde débute, tout le monde peut également s’améliorer et progresser pour peu d’avoir cette passion qui se mêle à l’équation.
On a bien trop souvent une fausse image de ce que l’on aimerait être et souvent une image un peu trop sévère de ce que l’on est vraiment.
Il y a quelques semaines juste avant de partir en vacances en France je manquais un peu d’inspiration et j’étais tellement occupée par un projet client en cours (l’illustration de ma toute première histoire pour enfants ! J’aurais l’occasion de vous en reparler puisque je suis passée de “je n’ai aucune idée de comment on fait” à “ok maintenant je sais comment ça fonctionne” et c’est un super processus de travail à aborder je pense) que pendant mon temps libre je ne savais absolument pas quoi dessiner.
J’aurais pu ne pas dessiner puisque s’accorder des pauses c’est au moins aussi important que le reste, mais j’avais envie de dessiner. J’étais donc ✨hyper-frustrée✨. Je vois parfois passer des illustratrices refaire des anciens projets personnels et je trouve l’idée super ! Lorsque l’on manque d’inspiration c’est une bonne solution pour se passer de cette frustration de ne pas savoir quoi faire et surtout, c’est hyper chouette pour faire le point et voir notre propre évolution.
Ci-dessous donc, c’est une illustration qui date de 2017 et qui est l’une des rares qui « passe-encore-le-contrôle-de-mon -jugement-personnel (= que j’aime encore bien)

Depuis ma technique a vraiment évolué, à l’époque je travaillais toujours sur Photoshop sur mon ordinateur tandis que depuis je suis passée sur iPad avec Procreate, j’utilise d’autres couleurs, je ne dessine plus vraiment de la même façon… forcément les années sont passées et voilà donc la nouvelle version updatée !

C’est un exercice que j’ai vraiment apprécié et je vous invite vraiment à le faire de temps en temps, c’est une bonne technique pour vous faire un auto-check perso, comme un bilan de compétences visuel un peu qui vous permettra de vous faire vous rendre compte que si, vous avez progressé et ce que vous faisiez il y a quelques années est bien différent de ce que vous faites aujourd’hui. Que l’évolution soit drastique ou non, il y aura forcément une différence car entre temps, même si une seule année est passée, vous avez eu d’autres expériences qui vont forcément influencer ce que vous faites. C’est d’ailleurs valable pour l’illustration mais pour à peu près toutes les pratiques créatives également !
De mon côté, j’ai déjà hâte de la refaire dans quelques années pour voir les progrès que j’aurai fait d’ici là ! Ça ne veut pas dire que c’était moins bien : c’est juste différent et mes/vos compétences se sont enrichies depuis !
Mais alors, lorsque j’ai fait cette illustration pour la toute première fois, si je l’ai postée et que je l’ai même proposée à la vente c’est bien qu’à mes yeux elle passait en quelque sorte mon test personnel du “ça c’est ok, c’est suffisant” et si j’ai pu être capable de la refaire dernièrement mais de manière complètement différente c’est bien qu’entre les deux j’ai évolué ? Entre ce premier moment T et ce deuxième moment T j’étais en quelque sorte deux Moi différents mais pour autant, je n’étais pas moins bonne en 2017 par rapport à aujourd’hui, juste à un niveau de mes compétences différents, non ? Si je devais retourner voir mon Moi-de-2017, je ne me dirais certainement pas “bouh quelle nullos !” (parce que c’est pas très gentil) même si effectivement j’ai progressé depuis.
Par ce paragraphe un peu fouilli, ce que je veux dire c’est de rappeler que l’on est bien trop souvent trop sévère avec nous-mêmes. Je le sais : je le suis tellement au quotidien ! Il y a plein de nouvelles personnes qui se lancent dans l’illustration, qui ont à peine 18 ans et qui ont un talent fou (ce fameux talent…) et je ne peux pas m’empêcher de m’y comparer et de parfois me sentir un peu nulle (carrément nulle, en fait). Pourtant les personnes entre guillemets meilleures que vous ne vous font pas être pas assez bons. Je sais qu’on aura tendance à dire qu’il y a toujours meilleur que soi, et oui factuellement c’est vrai, mais est-ce vraiment bénéfique de se le répéter en boucle (je me pose la question à moi-même en même temps) ? Si il y a meilleur, il y a aussi moins bon mais dans le fond, est-ce que l’essentiel n’est pas d’apprécier l’endroit où l’on se trouve ? Cela s’applique à n’importe quel domaine d’ailleurs, qu’il soit créatif ou non et qu’il soit aussi dans un champ professionnel ou non !
De mon côté, lorsque je fais un peu le point, c’est un peu cliché mais je remarque que tous les moments où j’ai pu percevoir une réelle progression dans mon travail ce n’est absolument pas des moments où je me suis dit “allez Florence, aujourd’hui je vais m’améliorer et devenir meilleure !” mais des moments où, spoiler alert, j’ai mis du cœur dans des projets qui me faisaient vraiment plaisir. J’ai progressé pendant le challenge de l’Inktober 2021, je m’étais bien amusée pendant un challenge appelé Joy in Spring que j’avais co-organisé… et au final, le lien c’est ça : passer du bon temps pour finalement progresser sans s’en rendre compte et sans faire en sorte que ce soit une fin en soi. Si on progresse c’est cool c’est du bonus mais le but initial ce n’était pas du tout ça.
Parmi ces deux projets, le dénominateur commun c’est le challenge : j’en fais rarement car ça a souvent tendance à plus me stresser qu’autre chose mais parfois ils ont vraiment du bon lorsque les thématiques me parlent. Je me dis que ce serait chouette d’en organiser un petit prochainement entre nous, qu’en dites-vous ? Y aurait-il des thèmes qui vous feraient envie ? J’aime toujours beaucoup aborder le quotidien car sous ses airs un peu banal il y a en réalité une infinité de choses à faire autour de cette thématique ! Je vais y réfléchir de mon côté et vais voir pour organiser ça prochainement, je vous en reparle, n’hésitez pas à me donner vos ressentis à ce sujet en commentaires en dessous !
Tout ça pour vous dire que vous n’avez pas à atteindre un niveau particulier pour vous sentir enfin “good enough” parce que malheureusement, ça n’arrivera pas vraiment à l’image de ce que vous souhaitez. Ou que vous vous sentirez à la hauteur pendant un moment (quel bonheur quand ça arrive !) mais ça a tendance à ne jamais durer sur des périodes infinies. On s’imagine souvent que les compétences sont un peu formulées comme dans les Sims : que l’on accumule des traits de compétences pour remplir une jauge jusqu’à atteindre un maximum et maitriser ladite compétence. Alors que dans la réalité ça ne marche vraiment pas comme ça. On apprend tout le long, parfois on change de chemin, on fait autre chose, différemment, on arrête même complètement… mais la somme de vos actions ne détermine certainement pas votre valeur et si effectivement, dans un champ créatif le résultat final visuel vous place forcément plus ou moins sur une échelle par rapport à d’autres, apprécier faire sera toujours mieux que de se forcer, que ce champ créatif soit relatif à une activité professionnelle ou non (si je passe du bon temps sur un projet client le résultat sera toujours bien meilleur que si je travaille sur un projet qui m’emballe bien moins parce qu’il faut bien payer les factures).
Bref. On se dit qu’on essaye d’être un peu moins sévères et d’accepter que l’on ne parviendra jamais à atteindre une image fictive idéale mais qu’à la place, c’est bien plus chouette de juste profiter le plus possible de ce que l’on fait, peu importe le résultat ?
Je vous dis à très vite pour une nouvelle newsletter, je vais travailler sur des plus petits formats plus visuels pour ponctuer ces plus grandes épisodes et varier un peu. J’en profite pour vous remercier de nouveau pour votre soutien puisque quelques personnes se sont inscrites depuis le précédent épisode. Mille mercis, vraiment ! Pour retrouver tous les épisodes j’ai intégré une catégorie sur ma page Substack pour pouvoir lire uniquement cette formule payante et retrouver facilement chaque sujet abordé.

Les thèmes sur lesquels je travaille pour de prochaines newsletters…
Pour vous tenir un peu au courant de ce que j’ai envie de vous proposer pour la suite, voilà trois des thèmes qui feront partie des prochaines newsletters :
Une newsletter-exercice pour vous aider et vous donner des astuces pour vous créer des palettes de couleurs à utiliser dans vos illustrations.
Une newsletter-conseils destinée à vous donner tout ce que j’ai pu accumuler comme conseils pour créer et améliorer son portfolio.
Puisque tout le monde ne dessine pas, j’aimerais aussi beaucoup vous parler de photographie et de vous donner des conseils tout bêtes pour vraiment améliorer vos clichés, qu’ils soient pris avec un appareil photo ou votre téléphone !
En savoir plus sur La Mouette | Blog Lifestyle français à Montréal - Mode, Culture & Voyage
Subscribe to get the latest posts sent to your email.